ORIGINE DU PROJET

Alidades est originellement un projet personnel, une introspection atomisée autour de multiples pensées qui n’ont a priori aucun point commun, mais qui finalement, une fois révélées et confrontées les unes aux autres convergent tous vers le même point.

Au début il y a la rencontre, puis le doute.

Un jour, devant cette petite lucarne rétroéclairée et connectée pour renvoyer des images du monde entier, on tombe par hasard sur un philosophe des temps modernes. Il s’appelle Charles Pepin, et il présente son dernier essai intitulé « La rencontre, une philosophie ». C’est toujours étonnant de voir comment quelqu’un qu’on ne connaît pas, mais qui dispose d’assez d’intelligence et de sciences, arrive à conceptualiser un événement commun et en même temps très personnel ainsi que toutes ses conséquences. Tout d’un coup, il place dans notre cerveau, des clés de compréhension et on envisage les choses, plus globalement, sous un autre angle, alors tout prend une autre dimension. Il montre que « toute vraie rencontre est en même temps une découverte de soi et une redécouverte du monde ».  Il rappelle que la rencontre n’est pas quelque chose d’aisé car son principe est d’aller à l’encontre de quelqu’un de différent. A la question : comment sait-on qu’on a fait une rencontre ? Il répond qu’on ne peut pas le savoir dans l’instant … mais bien après. Si la rencontre supposée nous a fait changer, évoluer, nous a transformé, alors cette rencontre devient vraie. Rencontrer c’est, au final, prendre le risque de sortir de sa zone de confort pour aller vers un inconnu.

Pandémie booster (à prononcer avec un accent américain) et schizophrénie paradoxale

Le monde est entré dans une ère étrange. Depuis quasiment maintenant une année un virus a décidé de contrecarrer les grands plans de développement des êtres humains. Lorsque je me demande pourquoi ce virus est apparu d’un coup, je suis très sceptique quant à trouver une raison extérieure. Dans l’ordre de mes pensées, de la moins crédible à la plus crédible : Dieu ? Les extra-terrestres ? Expérience en laboratoire qui tourne mal ? Pangolin ? … Ah … Pangolin ? ou Chauve-souris ? Selon mes convictions on commence à tenir quelque chose tenant de l’explication rationnelle que je suis prêt à considérer. Au-delà d’une simple considération, plus j’y réfléchis et plus j’arrive à me convaincre que nous, êtres humains, nous évoluons dans l’équilibre fragile d’un écosystème complexe. Et, tels quelques milliards de grains de sable, nous poursuivons une évolution sans prendre garde à cet écosystème. Ce manque d’égard provoquant la fin d’un déséquilibre dangereux. Un écosystème n’existe que parce que son équilibre est perpétuellement préservé. Et si dame nature considérait que l’être humain était devenu nocif ? Un virus pourrait-il rééquilibrer l’écosystème ? Elle tente le coup. C’est en tous cas mon opinion.

Bien … mais pas suffisant.

J’en viens là au monde d’après. La planète s’est arrêtée de tourner à l’heure des êtres humains une première fois, en mars 2020. Figer le temps nous a permis de penser, nous sommes devenus conscients. Le monde d’après, le monde d’après, le monde d’après … tous les êtres humains y ont pensé. Depuis mars 2020, l’horloge humaine a redémarré et une année s’est écoulée. Timing parfait pour faire un bilan. Fin 2020, le « Black Friday » a bien eu lieu. Je ne retiendrai que ça pour symbole pour affirmer ce triste constat que pour l’instant … rien n’a changé. Je ne jette la pierre sur personne, je fais simplement le constat que le monde d’après n’existe pas encore, qu’il reste à inventer. Et je ne jette pas la pierre parce que moi-même je suis un fieffé contributeur de ce monde d’avant. Tous les jours, pour gagner ma vie, j’alimente un système capitaliste et productiviste auquel je ne crois plus. Et pourtant, j’y mets tout mon cœur. Et je doute … ce qui me conduit inexorablement vers une schizophrénie paradoxale. Logique. Plus le temps s’écoule, plus elle devient ingérable.

Ralentissement et décroissance.

L’analyse de mes doutes et le constat de ma schizophrénie me ramènent toujours à la même conclusion. Le rééquilibrage du grand écosystème nécessite de ralentir, et de décroître.

La France est le pays des Lumières, c’est le pays de l’innovation (…) On va tordre le cou à toutes les fausses idées. Oui, la France va prendre le tournant de la 5G parce que c’est le tournant de l’innovation. J’entends beaucoup de voix qui s’élèvent pour nous expliquer qu’il faudrait relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile ! Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine”.

EMMANUEL MACRON – DANS LA SALLE DES FÊTES DE L’ELYSÉE,
LE 15 SEPTEMBRE 2020

Penser le monde de manière aussi binaire n’a aucun sens. J’ai l’intime conviction qu’il y a d’autres voies à explorer. Envisager ralentissement et décroissance n’est pas forcément synonyme d’une condamnation au retour à l’âge de pierre. Entre la notion de progrès et d’innovation il y a des différences majeures. Aujourd’hui l’innovation est une course contre la montre, pour la gagner il faut mobiliser une somme incommensurable de capitaux, tellement incommensurable qu’elle ne veut plus rien dire. Il faut exploiter de plus en plus de ressources, donc mettre à mal notre écosystème encore un peu plus, et un peu plus vite. Et si on abandonnait cette idée de l’innovation rapide et destructrice pour revenir à un concept de progrès plus lent et plus vertueux ?

Ma conviction c’est qu’il est impossible de poursuivre un développement capitaliste productiviste exponentiel dans un monde aux ressources fragiles et limitées. Ce modèle n’a plus de sens et encore moins d’avenir. Réfléchir à ralentir et décroître vaut la peine.

Mais il faut penser ce ralentissement et cette décroissance, c’est-à-dire réfléchir à de nouveaux modes d’organisation à de multiples niveaux sur une multitude de thématiques, à une nouvelle économie basée sur de nouveaux systèmes, différents justement du capitalisme productiviste, repenser les modes de consommation … et tout un tas d’autres sujets qu’il serait bien trop long d’énumérer. Si l’impact d’un ralentissement et d’une décroissance est réfléchi et organisé sur tous les aspects de l’écosystème dans lequel nous évoluons tous, alors il y a certainement moyen de trouver une voie vertueuse, différente de la voix binaire mettant en face de la 5G une lampe à huile. Et il y a fort à parier que cette voie vertueuse n’est pas unique. Finalement, ne vouloir en trouver qu’une, et surtout vouloir par la suite la déclarer comme la meilleure pour l’imposer n’est-il pas le meilleur moyen de se replacer une fois encore sur la ligne de départ avec un mur comme seule ligne de mire ?

« ALC IXH XAN »

Il existe probablement une multitude de voies différentes, et si ce ne sont pas des voies, surement des expériences ou des approches.

J’ai peu de doctrines, mais les deux que je vais citer me tiennent à cœur. La première « on se définit par ce qu’on fait, et non par ce qu’on pense ». La deuxième, la mystérieuse signature des tableaux du peintre Jan VAN HECK :

« ALC IXH XAN »

Jan VAN HECK

… qui peut être traduite par « du mieux que je peux ». c’est parce qu’on agit, qu’on tente, qu’on essaie, du mieux qu’on peut, que finalement les choses peuvent changer, on finit par moins douter, et ainsi, la rencontre aura servi à quelque chose de merveilleux.

Le projet Alidade est né de toutes ces réflexions, constats, pensées personnelles. Alidade est le nom donné aux aiguilles d’un astrolabe. Les alidades permettent de tracer des lignes imaginaires en attrapant des points de repères réels, les étoiles. Grâce à ces lignes imaginaires tissées en reliant des points de la réalité, il devient possible de se repérer, calculer des angles pour définir des directions, créer des voies de navigation pour avancer sans se perdre.

L’humble ambition de ce projet est de prendre la forme de plusieurs carnets, compilant des notes inspirantes pour bâtir des nouveaux mondes possibles. Des carnets imprimés sur un joli papier, parce qu’il est important pour moi de matérialiser ces notes dans un objet. Oui, la dimension physique de l’objet est importante et essentielle. Alidade est donc avant tout un objet, que plusieurs individus peuvent se passer de mains en mains, se partager, pour échanger … en réel. Alidade veut être un objet qui sensibilise, donne des clés de compréhension, pour devenir une excuse à la discussion, à l’échange, au partage, à la confrontation des idées et des pensées de deux individus ou plus. En tant qu’objet, il peut être dévoré d’une traite, ou rester posé sur un coin de table pour y revenir de temps en temps.  Ralentissons, prenons le temps. J’ai envie de faire d’Alidade un bel objet, un beau carnet, de ceux qu’on a envie de conserver dans sa bibliothèque ou afficher sur son étagère. J’ai envie qu’il prenne la poussière en attendant d’être redécouvert.

Mais Alidade vit avec son temps, il existe donc aussi en format numérique. Cette forme dématérialisée explore une version augmentée, avec des podcasts et des vidéos, tout support enrichi qui permet de rajouter aux carnets une nouvelle dimension. Bien évidemment, tous ces supports additionnels sont liés aux contenus des carnets. Et si Alidade existe aussi en version numérique c’est pour communiquer sur le projet global et propager sa diffusion.

Contenu & Ligne éditoriale

Le ralentissement et la décroissance sont les deux thèmes intimement liés et fédérateurs de l’ensemble des carnets. Chaque carnet a pour vocation d’explorer un sujet qui représente dans son ensemble une approche différente du monde. Chaque carnet compile une retranscription de rencontres, des pensées ou opinions d’individus ayant fait des choix différents. Chaque carnet montre et témoigne d’expériences diverses et variées, qui sont chacune remises en perspective et décortiquées. La lecture d’un carnet Alidade est finalement une propulsion immersive au sein d’expériences alternatives.

Alidade est animé par une impulsion primaire d’ouverture et de curiosité. Mais aussi par la rencontre, et à travers elle, l’échange, le partage, la remise en perspective et même la contradiction. Contradiction ? Alidade se veut innocent, s’autorise à être rêveur, et même parfois utopiste, condition sine qua none pour ne pas poser de barrière à la curiosité. Mais Alidade cherche aussi à remettre en perspective ou en question, et même à contredire. La remise en question, l’analyse et la contradiction sont les meilleurs moyens pour ne pas tomber dans la naïveté et tenter de poser un nombre minimal de clés de compréhension pour savoir, comprendre et éclairer ses choix et ses directions.

Voilà tout ce qui constitue l’ADN de chacun des carnets. Alidade est maintenant entre vos mains, ce projet devient le vôtre aussi, à vous de lire, trouver votre inspiration et partager.

L’AUTEUR … c’est à dire moi-même 🙂